Port-au-Prince, le 1er juillet 2025 — « Lakay se lakay. Lakay ap toujou lakay. »
Cette formule, répétée par la ministre Kathia Verdier lors de son intervention de ce mardi dans le cadre des Mardis de la Nation, sonne comme un rappel identitaire. Mais elle résonne aussi comme un cri douloureux, à l’heure où des milliers d’Haïtiens vivant à l’étranger sont confrontés à des politiques migratoires de plus en plus hostiles, souvent imposées par des pays qui, paradoxalement, se présentent comme des “amis” d’Haïti.
Ces derniers mois, les vagues de déportation se sont accélérées, notamment depuis la République dominicaine et les États-Unis. Des familles entières, parfois installées depuis des années, sont refoulées sans ménagement. Des enfants sont séparés de leurs parents. Des femmes enceintes sont expulsées sans soins. Cette dure réalité n’épargne aucun pan de la diaspora haïtienne, qu’elle soit en Amérique, aux Caraïbes ou en Amérique latine.
Et pourtant, ces mêmes pays affirment soutenir la stabilité d’Haïti, financent des missions internationales ou appellent au rétablissement de l’ordre constitutionnel. Mais dans les faits, ils ferment leurs frontières aux Haïtiens en quête de protection. Ils déportent, souvent sans examen sérieux de la situation individuelle, vers un pays que tous reconnaissent comme étant en crise humanitaire, sécuritaire et institutionnelle.
La ministre des Haïtiens vivant à l’étranger (MHAVE), Kathia Verdier, est donc intervenue ce mardi dans le cadre des Mardis de la Nation, pour vanter les avancées en matière de services consulaires destinés à la diaspora.
Elle s’est félicitée des efforts entrepris par son ministère pour améliorer l’accès des Haïtiens de la diaspora à des documents officiels tels que les passeports, extraits d’archives, casiers judiciaires ou cartes d’identification nationale. Grâce à une tournée de terrain menée au sein des principales communautés haïtiennes d’Amérique et à des partenariats institutionnels avec la DCPJ, l’ONI, les Archives nationales et la DIE, plusieurs blocages auraient été levés.
Elle a notamment souligné qu’en République dominicaine, sur cinq mille demandes de passeports en attente, trois mille auraient déjà été délivrés, signalant un progrès « significatif » pour les droits administratifs des citoyens vivant hors du territoire.
La ministre a aussi évoqué les dispositifs d’accompagnement mis en place pour les Haïtiens en situation de déportation ou de vulnérabilité, notamment des mécanismes de retour dans la dignité. Elle a rappelé la responsabilité républicaine de l’État envers chaque citoyen, quel que soit son lieu de résidence, réaffirmant :
« Lakay se lakay. Lakay ap toujou lakay. »
Face à à la politique migratoire sévère, la déclaration de la ministre du MHAVE ne peut suffire, il est vrai. Ce qu’il faut désormais, c’est penser et reconstruire “Lakay” au sens plein du terme. Créer un pays où l’on peut vivre en sécurité, travailler dignement, se faire soigner, éduquer ses enfants, et où ceux qui sont partis puissent revenir par choix, et non sous la contrainte de l’expulsion. Si notre rédaction avait noté l’inaction de Madame Verdier les mois derniers,
Oui, « Lakay se lakay ». C’est un appel à la responsabilité, non seulement des autorités haïtiennes, mais aussi de tous ceux qui, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, croient encore en la possibilité d’un avenir différent.
La rédaction